L’OTAN contre la Russie en Ukraine
Une épreuve de vérité pour les trotskistes
L’incursion russe en Ukraine a accéléré le déclin de l’impérialisme américain, gravement affaibli ses « partenaires » européens et l’OTAN dans son ensemble, tout en réduisant son influence en Amérique latine et dans l’ « Indo-Pacifique ». Ce conflit a mis à l’épreuve le caractère politique de toutes les formations ostensiblement marxistes à travers le monde et a mis en lumière la confusion, la lâcheté et la faillite politique de la grande majorité des groupes ostensiblement trotskystes, en particulier ceux qui ont leur siège dans les centres impérialistes.
La notion d’« impérialisme russe », que les gauchistes réformistes utilisent pour justifier le soutien à l’Ukraine (et donc aussi à ses parrains de l’OTAN), a joué un rôle central dans notre rupture de 2018 avec la faction néo-zélandaise de la Tendance bolchevique internationale. Comme nous l’avions observé à l’époque, « la clarté politique est un attribut essentiel pour un petit groupe de propagande révolutionnaire s’il veut jouer un rôle positif dans la lutte pour forger une direction léniniste viable enracinée dans la classe ouvrière ».
Le précurseur du conflit actuel a été le coup d’État de Maïdan à Kiev en 2014, soutenu par les États-Unis, qui était lui-même un épisode d’une campagne de pression croissante sur la Russie par les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN qui était déjà en cours depuis plus de deux décennies (voir : « Ukraine, Russia & the Struggle for Eurasia—Tectonic Shifts in Global Politics » [« Ukraine, Russie et la lutte pour l’Eurasie—changements tectoniques dans la politique mondiale »]. Dans une importante déclaration publiée peu après le début de l’« opération militaire spéciale » russe, nous avons passé en revue certains des moments importants de cette histoire et noté que dans les quelques mois qui ont précédé l’ouverture des hostilités :
« Poutine a clairement indiqué que s’il n’était pas mis fin aux activités de l’OTAN en Ukraine et que son projet d’expansion en Ukraine n’était pas catégoriquement rejeté et/ou s’il y avait des tentatives de déploiement de nouvelles armes près des frontières de la Russie, la réponse serait des contre-mesures « militaro-techniques », non seulement contre l’Ukraine mais aussi, potentiellement, contre les États-Unis et leurs alliés. »
Nous avons observé que :
« L’action militaire russe contre l’Ukraine est tactiquement agressive mais stratégiquement défensive. Les révolutionnaires n’accordent aucun soutien politique à Poutine tout en reconnaissant que le droit de la Russie à l’autodéfense inclut le droit de rompre les liens de l’Ukraine avec l’OTAN. »
L’expansion incessante de l’OTAN vers l’Est au cours des trois décennies qui ont suivi la destruction de l’Union soviétique, rationalisée comme étant destinée à contenir la « menace » potentielle posée par la Russie, était en fait destinée à jeter les bases d’un démembrement de la Russie en plusieurs néo-colonies plus petites et plus facilement contrôlables. En 1991, lors de l’implosion de l’URSS, Dick Cheney, secrétaire américain à la défense de l’administration républicaine de George H.W. Bush, était l’un des principaux défenseurs de cette politique (selon Robert Gates, secrétaire à la défense de Barack Obama). Zbigniew Brzezinski, un idéologue férocement antisoviétique qui, en tant que conseiller à la sécurité nationale de Jimmy Carter, a joué le rôle de quartier-maître du djihad islamiste réactionnaire contre le régime laïque et modernisateur du Parti démocratique populaire d’Afghanistan aligné sur Moscou, a également promu l’expansion de l’OTAN vers l’est comme une étape vers la « décentralisation » de la Russie :
« …L’élargissement de l’OTAN et de l’UE devrait se faire par étapes délibérées. Dans l’hypothèse d’un engagement soutenu des États-Unis et de l’Europe occidentale, voici un calendrier spéculatif mais réaliste pour ces étapes : D’ici 1999, les trois premiers membres d’Europe centrale auront été admis dans l’OTAN, bien que leur inclusion dans l’UE n’interviendra probablement pas avant 2002 ou 2003 ; d’ici 2003, l’UE aura probablement entamé des pourparlers d’adhésion avec les trois républiques baltes, et l’OTAN aura également progressé sur leur adhésion ainsi que sur celle de la Roumanie et de la Bulgarie, leur adhésion devant probablement être achevée avant 2005 ; entre 2005 et 2010, l’Ukraine, à condition qu’elle ait procédé à des réformes intérieures significatives et qu’elle soit identifiée comme un pays d’Europe centrale, devrait également être prête pour des négociations initiales avec l’UE et l’OTAN.
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« Compte tenu de la taille et de la diversité du pays, un système politique décentralisé et une économie de marché seraient les plus à même de libérer le potentiel créatif du peuple russe et les vastes ressources naturelles de la Russie. Une Russie vaguement confédérée—composée d’une Russie européenne, d’une République de Sibérie et d’une République d’Extrême-Orient—aurait également plus de facilité à cultiver des relations économiques plus étroites avec ses voisins. Chacune des entités confédérées serait en mesure d’exploiter son potentiel créatif local, étouffé pendant des siècles par la lourde main bureaucratique de Moscou. En retour, une Russie décentralisée serait moins sensible à la mobilisation impériale. »
—Foreign Affairs, septembre/octobre 1997 [notre traduction]
Les palabres cyniques de Brzezinski sur la libération du « potentiel créatif du peuple russe » par la balkanisation du pays n’étaient qu’une mince couverture pour les objectifs réels d’élimination d’un concurrent géopolitique potentiel tout en ouvrant ses « vastes ressources naturelles » à l’exploitation par les entreprises américaines. La motivation du Kremlin en s’installant en Ukraine était un mouvement défensif visant à repousser l’OTAN loin des frontières de la Russie. Les médias impérialistes occidentaux l’ont totalement ignoré dans leur propagande frénétique dénonçant Poutine comme un personnage de type hitlérien mû par des appétits expansionnistes russes insensés.
L’économie russe—source de transfert net de plus-value vers l’extérieur
Vladimir Lénine a clairement distingué l’attitude des marxistes à l’égard des guerres menées par les oppresseurs impérialistes de celles menées contre l’oppression :
« En bref : la guerre entre les grandes puissances impérialistes (c’est-à-dire qui oppriment toute une série de peuples étrangers, qui les tiennent ligotés par les entraves de la dépendance à l’égard du capital financier, etc.) ou en alliance avec elle, est une guerre impérialiste. Telle est la guerre de 1914 -1916. Dans cette guerre, la « défense de la patrie » est une tromperie qui sert à la justifier.
« La guerre menée contre les puissances impérialistes, c’est-à-dire oppressives, par les opprimés (par exemple, les peuples coloniaux) est une guerre véritablement nationale. Elle est possible également à présent. La « défense de la patrie » par un pays nationalement opprimé contre celui qui l’opprime n’est pas une tromperie, et les socialistes ne sont nullement contre la « défense de la patrie » dans une telle guerre. »
—Vladimir Lénine, Sur une caricature du marxisme et à propos de l’ « économisme impérialiste », 1916
La description faite par Lénine du fonctionnement de l’impérialisme il y a un siècle est toujours d’actualité :
« Économiquement parlant, l’impérialisme est le capitalisme monopoliste. Pour que le monopole soit total, il faut éliminer les concurrents, non seulement du marché intérieur (du marché d’un État donné), mais aussi du marché extérieur, du monde entier. Y a-t-il une possibilité économique, « à l’ère du capital financier », d’éliminer la concurrence même dans un État étranger ? Bien entendu : le moyen, c’est la dépendance financière et l’accaparement des sources de matières premières du concurrent, puis de toutes ses entreprises.
* * *
« Le grand capital financier d’un pays peut toujours éliminer ses concurrents, même s’ils appartiennent à un pays étranger politiquement indépendant, et il le fait toujours. C’est parfaitement réalisable sur le plan économique. L’« annexion » économique est parfaitement « réalisable » sans annexion politique, et elle se rencontre constamment. Dans les textes traitant de l’impérialisme, vous lisez à chaque instant que, par exemple, l’Argentine est en fait une « colonie commerciale» de l’Angleterre, que le Portugal est en fait le « vassal » de l’Angleterre, etc. C’est exact la dépendance économique à l’égard des banques anglaises, l’endettement vis-à-vis de l’Angleterre, l’accaparement par l’Angleterre des voies ferrées locales, des mines, des terres, etc.,- tout cela fait de ces pays des « annexions » de l’Angleterre au point de vue économique, sans qu’il y ait violation de leur indépendance politique. »
—Idem.
Léon Trotsky a observé que l’exploitation impérialiste naissait du fait que les pays les plus avancés économiquement profitaient des pays les plus arriérés :
« L’inégalité du développement a procuré d’énormes bénéfices aux pays avancés qui, quoique à des degrés divers, ont continué à se développer aux dépens des pays arriérés, en les exploitant, en se les soumettant comme colonies, ou tout au moins en les empêchant de s’élever jusqu’à l’aristocratie capitaliste. Les fortunes de l’Espagne, de la Hollande, de l’Angleterre, de la France se sont constituées, non seulement par la plus-value prélevée sur leur propre prolétariat, non seulement par le pillage de leur propre petite bourgeoisie, mais aussi par le pillage systématique de leurs possessions d’outre-mer. L’exploitation des classes fut complétée et sa puissance fut accrue par l’exploitation des nations. »
—Léon Trotsky, Le Marxisme et notre époque, 1939
Sam King, un marxiste australien, a esquissé quelques distinctions contemporaines entre les pays impérialistes et les pays non impérialistes (catégorie dans laquelle il inclut à juste titre la Russie) :
« La liste Forbes Global 2000 nous donne également une indication du degré de participation des différentes capitales nationales dans les quatre-vingt-deux secteurs économiques que Forbes utilise pour les classer. Le tiers monde compte 85 % de la population mondiale, mais seulement 21 % des sociétés cotées en bourse (414 sur 2 000). L’écrasante majorité de ces entreprises du tiers-monde sont des sociétés financières, pétrolières et de services publics à vocation nationale. La taille de ces entreprises, et donc leur inclusion dans la liste, reflète généralement la taille de leurs marchés intérieurs et le degré de leur monopole national. En outre, dans les grands pays du tiers monde, on trouve sur la liste quelques entreprises de construction, de produits chimiques ou de fabrication, là encore essentiellement pour le marché local, telles que Tata Motor en Inde (qui domine le marché intérieur) ou Dongfeng Motor en Chine.
« En outre, il existe un petit nombre d’entreprises compétitives au niveau international, chacune exprimant les divers attributs compétitifs des plus grands États du tiers monde. Le Mexique compte deux entreprises de boissons et une entreprise internationale de télécommunications, l’Inde des logiciels et des services informatiques, la Russie du gaz, des métaux et de la défense, et la Chine des entreprises de fabrication d’appareils électroménagers et d’électronique grand public. »
—Sam King, Imperialism and the development myth, 2021 [notre traduction]
King a fait remarquer que :
« Même l’État impérialiste le plus pauvre, l’Espagne (revenu [en PIB par habitant] de 25 555 $), gagne près du double de l’État du tiers monde qui gagne le plus, l’Argentine (13 432 $) et le Chili (13 416 $), et trois fois le Mexique, le Brésil et la Chine, la Russie et la Turquie : C’est la taille du plus petit écart entre les deux mondes distincts. »
—Idem. [notre traduction]
Michael Roberts, analyste économique marxiste basé en Grande-Bretagne, rejette également l’idée que la Russie est un exploiteur impérialiste :
« L’économie de la Russie reste un « poney à un tour », dépendant du pétrole et du gaz qui représentent plus de la moitié de ses exportations avant le début de la guerre, le reste étant constitué de céréales, de produits chimiques et de métaux—pas d’exportations de technologies de pointe. Cela signifie que, loin d’extraire de la plus-value par le biais du commerce avec d’autres pays, les économies capitalistes les plus avancées et leurs multinationales reçoivent des transferts nets de plus-value de la part de la Russie.
« Poutine pense peut-être que la Russie peut être une puissance impérialiste, mais la réalité économique est que la Russie n’est qu’une grande économie périphérique en dehors du bloc impérialiste dirigé par les États-Unis, comme le Brésil, la Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud, la Turquie, l’Égypte etc—même si elle dispose d’une armée plus importante que la plupart d’entre elles. »
—thenextrecession.wordpress.com, 15 août 2022 [notre traduction]
Comme l’a fait remarquer Trotsky, la question de savoir si un pays est impérialiste ou non a d’importantes implications programmatiques pour les marxistes :
« L’impérialisme coercitif des nations avancées ne peut exister que parce qu’il existe sur notre planète des nations arriérées, des peuples opprimés, des pays coloniaux et semi-coloniaux. La lutte des peuples opprimés pour l’unification nationale et l’indépendance nationale est doublement progressiste, car, d’une part, elle prépare des conditions plus favorables à leur propre développement, et, d’autre part, elle porte atteinte à l’impérialisme. Il en résulte, en particulier, que dans la lutte entre une république démocratique impérialiste civilisée et la monarchie barbare et arriérée d’un pays colonial, les socialistes seront complètement du côté du pays opprimé, malgré sa monarchie, et contre le pays oppresseur, malgré sa « démocratie ». »
—Léon Trotsky, Lénine et la guerre impérialiste, 1939
Les anciens partis satellites de l’Union soviétique adoptent la neutralité du troisième camp en Ukraine
De nombreux partis anciennement alignés sur l’Union soviétique, dont les Britanniques, les Irlandais et les Turcs, ont adopté une position doublement défaitiste, plutôt que de soutenir la Russie. Au début des hostilités, le Parti communiste britannique a immédiatement approuvé une déclaration du Conseil mondial de la paix qui niait le droit à l’autodétermination des majorités russophones du Donbass, de la Crimée et d’autres régions de l’est et du sud de l’Ukraine :
« Nous, les partis politiques soussignés, saluons la déclaration du Conseil mondial de la paix du 25 février 2022, qui :
« appelle toutes les parties au conflit russo-ukrainien à rétablir et à garantir la paix et la sécurité internationale par un dialogue politique constructif, notant que les peuples russe et ukrainien, ainsi que les peuples de la région, n’ont rien à gagner de ce conflit militaire.
« Condamne les manœuvres politiques et militaires des États-Unis, de l’OTAN et de l’Union européenne depuis le coup d’État de l’Euromaïdan en 2014, après lequel des forces réactionnaires ont pris le pouvoir à Kiev avec le soutien ouvert des puissances impérialistes occidentales.
« Réitère son opposition à l’expansion de l’OTAN vers l’Est, à son renforcement militaire en Europe de l’Est et à l’encerclement de la Fédération de Russie.
« Déclare que la reconnaissance unilatérale de l’indépendance des provinces ukrainiennes par la Russie non seulement porte atteinte aux principes fondateurs de la Charte des Nations unies, mais justifie également l’abus futur de telles méthodes par les puissances impérialistes à l’encontre d’autres nations.
« Reconnaît que ce conflit est lié au contrôle des ressources énergétiques, des pipelines, des marchés et des sphères d’influence. »
—Communistparty.org.uk, 1er mars 2022 [notre traduction]
La campagne brutale menée pendant huit ans contre les séparatistes pro-russes du Donbass par des unités militaires dirigées par le Secteur droit, Azov, Tornado, Dnipro, Aidar et d’autres formations ouvertement fascistes a été un facteur important dans la décision de Poutine d’intervenir. Contrairement aux États-Unis et aux autres prédateurs impérialistes « démocratiques » de l’OTAN, la Russie ne cherche pas à s’approprier les richesses naturelles des pays plus faibles ; en fait, elle vend des ressources énergétiques aux membres de la Communauté des États indépendants (CEI) à un prix nettement inférieur :
« La Russie pouvait offrir à ses voisins des prix subventionnés pour les exportations de pétrole, de gaz et d’autres produits de base. Ce mécanisme a relativement bien fonctionné dans le contexte de la pénurie permanente de ressources énergétiques et de matières premières dans le monde et de la croissance constante concomitante des prix mondiaux pour les exportations russes. N’oublions pas que dans les premières années qui ont suivi l’effondrement de l’Union soviétique, les économies de la plupart des pays de la CEI sont restées essentiellement soviétiques, et donc à forte intensité d’énergie et de ressources, ce qui a prédéterminé le niveau élevé de dépendance de ces pays à l’égard de l’approvisionnement en énergie et en matières premières bon marché en provenance de Russie.
« Toutefois, au cours de la deuxième décennie du XXIe siècle, le « marché des producteurs »
a été remplacé par le « marché des consommateurs », ce qui a commencé à réduire progressivement l’importance des primes énergétiques russes pour les États voisins…..
« Moscou a cherché à attirer ses voisins en créant des conditions préférentielles pour leur permettre d’accéder au marché russe des biens et des services, ainsi qu’au marché du travail, sous la forme d’une migration de la main-d’œuvre en provenance des pays de la CEI. Ces préférences revêtaient une importance significative dans le contexte de la croissance rapide de l’économie russe au cours de la première décennie du 21e siècle et du manque de volonté ou de préparation de la plupart des pays de la CEI à explorer activement les marchés de la consommation et du travail de l’« étranger lointain » ».
—ip-quarterly.com, 31 mars 2022 [notre traduction]
En Allemagne, la Kommunistische Organisation (Organisation communiste/KO) et sa maison mère, le Parti communiste allemand (DKP), sont engagés dans une discussion sur le rôle de la Russie dans l’économie mondiale et sur la nature de l’impérialisme contemporain. Nous considérons que la formule élégamment simple contenue dans les « Thèses sur la question orientale » adoptées par le quatrième congrès de l’Internationale communiste en 1922 est pleinement applicable aujourd’hui : « L’essence de l’impérialisme est l’exploitation des différents niveaux de développement des forces productives dans les différents secteurs de l’économie mondiale, afin d’en extraire des super-profits monopolistiques. » Au lieu de cette approche léniniste traditionnelle, la direction stalinienne de la majorité KO et du DKP s’en tient à une approche développée à l’origine par le parti communiste grec, que la KO présente comme suit :
« L’impérialisme est un système mondial de relations sociales qui englobe toutes les nations capitalistes, et pas seulement les États-Unis, le Japon et l’Europe occidentale. D’autres États dans lesquels les conditions du capital monopoliste dominent, par exemple en Chine, ne peuvent pas avoir un caractère anti-impérialiste. Le passage du capitalisme monopoliste au capitalisme de libre concurrence n’est pas possible, en raison des contradictions avec les lois fondamentales intrinsèques du développement au sein du mode de production capitaliste—en particulier la loi de la concentration et de la centralisation accrues du capital. C’est pourquoi la lutte anti-impérialiste doit être dirigée contre le capital et le système capitaliste, source de l’impérialisme. En tant que communistes allemands, nous considérons l’impérialisme allemand—et ses acteurs, la bourgeoisie monopoliste et l’État—comme notre principal ennemi. Nous luttons cependant aux côtés de nos camarades internationaux contre l’impérialisme dans son ensemble, en tant que système mondial. Un accent particulier est mis sur le rôle de l’UE en tant que coalition impérialiste, sur le groupe BRICS en plein développement et sur l’impérialisme américain, qui reste aujourd’hui le pôle impérialiste militariste le plus dangereux du monde. »
—Kommunistische.org, 13 août 2018 [notre traduction]
Lénine a ridiculisé un argument similaire il y a plus de 100 ans :
« Une question : du fait que le capitalisme avancé européen (et américain) est entré dans la nouvelle époque de l’impérialisme, s’ensuit-il que les guerres impérialistes sont les seules possibles à l’heure actuelle ? Ce serait une affirmation absurde, traduisant l’incapacité de distinguer un phénomène concret donné de toute la somme des phénomènes les plus divers de cette époque. Une époque s’appelle de ce nom précisément parce qu’elle embrasse une somme de phénomènes et de guerres très variés, aussi bien typiques que fortuits, aussi bien grands que petits, aussi bien particuliers aux pays avancés que caractéristiques des pays retardataires. »
—Lénine, 1916, Op. Cit.
Tout cadre qui inclut la Russie, l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud et l’État ouvrier déformé chinois comme des composantes de « l’impérialisme dans son ensemble » ne peut que semer la confusion et désorienter les révolutionnaires en puissance. Ce double langage confus non seulement nie la réalité de l’exploitation impérialiste « réellement existante », mais exige aussi logiquement de ceux qui y souscrivent qu’ils se tiennent à l’écart du conflit actuel, ainsi que d’autres conflits similaires à l’avenir, dans un « troisième camp » neutre.
WSWS, FT, GI : « Ni Washington, ni Moscou »
Les divers partisans staliniens de la neutralité dans ce conflit sont rejoints par un large éventail de trotskystes ostensibles. De nombreuses tendances trotskistes autoproclamées, qui rejettent l’idée que la Russie est une puissance impérialiste et s’opposent à l’expansion agressive de l’OTAN, ont néanmoins refusé de prendre parti dans le conflit militaire actuel. Le parti turc Devrimci İşçi Partisi (DIP-Parti révolutionnaire des travailleurs) a combiné des dénonciations des provocations des États-Unis et de l’OTAN avec des déclarations selon lesquelles les révolutionnaires ne peuvent pas rester neutres—mais, pour des raisons qui restent obscures pour nous, il hésite encore à se prononcer explicitement en faveur d’une victoire militaire russe (voir : « On RedMed’s « International Anti-Imperialist and Anti-War Declaration » » [« Sur la « Déclaration internationale anti-impérialiste et anti-guerre » de RedMed »]).
Le World Socialist Web Site (WSWS—publié par Le Parti de l’égalité socialiste [PES] de David North) qualifie l’initiative militaire de Poutine d’essentiellement défensive et critique sévèrement les impérialistes de l’OTAN et leurs marionnettes ukrainiennes. Pourtant, les Northites refusent catégoriquement de prendre parti dans le conflit, bien qu’ils soient capables de commentaires perspicaces sur les motivations de divers faux trotskistes qui prétendent que la Russie et la Chine (qualifiée à tort de « capitaliste » par le PES) sont des puissances impérialistes :
« Il convient de se demander quel objectif politique il y a à ajouter le mot « impérialiste » aux descriptions de la Chine et de la Russie. En termes politiques pratiques, cela remplit des fonctions très précises. Premièrement, il relativise, et donc diminue, le rôle central et décisif de l’impérialisme américain, européen et japonais dans la contre-révolution mondiale. Cela facilite la collaboration active de la pseudo-gauche avec les États-Unis dans les opérations de changement de régime, comme en Syrie, où le régime Assad a été soutenu par la Russie. Deuxièmement, et de manière encore plus significative, la désignation de la Chine et de la Russie comme impérialistes—et donc, par implication, comme des puissances coloniales supprimant les minorités ethniques, nationales, linguistiques et religieuses—sanctionne le soutien de la pseudo-gauche aux soulèvements de « libération nationale » et aux « révolutions de couleur » soutenus par l’impérialisme ….. »
—wsws.org, 18 février 2016 [notre traduction]
Le WSWS, qui a depuis longtemps reconnu les appétits prédateurs de l’impérialisme américain à l’égard de la Russie, refuse de tirer la conclusion logique de son analyse, sans doute par crainte d’être taxé de « Poutine bots ». Tout en condamnant à juste titre les divers courants pablistes et shachtmaniens qui dénoncent « l’impérialisme russe » dans les médias bourgeois, le SEP a choisi de se situer dans le « troisième camp », entre les deux belligérants :
« Le moyen de sortir de ce désastre, dont la guerre actuelle est issue, ne se trouve pas dans une alliance avec l’impérialisme US-OTAN ou avec le régime capitaliste de Poutine, mais uniquement dans la lutte unifiée de la classe ouvrière ukrainienne, russe et internationale contre tous les États belligérants. La classe ouvrière en Russie comme en Ukraine doit défendre le principe suivant : l’ennemi principal est à l’intérieur du pays. »
—wsws.org, 30 juin 2022 [notre traduction]
La neutralité des Northistes ne les a pas empêchés d’identifier la question stratégique centrale posée par l’Ukraine aujourd’hui, et le fait que l’agression impérialiste dirigée d’abord contre la Russie s’étendra finalement à la Chine :
« Les puissances impérialistes de l’OTAN financent leur guerre par procuration en Ukraine dans le but de prendre le contrôle de la vaste masse continentale russe, qui contient l’une des plus grandes réserves de pétrole, de gaz et de minéraux stratégiques au monde. En outre, cette campagne impérialiste menée par les États-Unis s’inscrit dans le cadre de préparatifs de guerre plus vastes contre la Chine. La Russie, quant à elle, intervient militairement à l’étranger en cherchant non pas des colonies à exploiter, mais des garanties géostratégiques contre l’intervention impérialiste. »
—wsws.org, 17 mai 2022 [notre traduction]
Pourtant, à partir de ces prémisses correctes, le PES tire une conclusion totalement injustifiée :
« L’invasion [russe] elle-même, le 24 février, bien que provoquée par l’impérialisme, était un effort désespéré et vain pour accroître son influence dans les négociations avec les puissances impérialistes. Mais c’est le contraire qui s’est produit. Les puissances impérialistes ont saisi l’invasion comme un prétexte indispensable pour mettre en œuvre leurs plans de guerre de longue date contre la Russie et intensifier leur montée en puissance militaire en vue d’un nouveau partage impérialiste du monde. »
—wsws.org, 1er septembre 2022 [notre traduction]
L’ « opération militaire spéciale » de Poutine n’était ni « en faillite », ni particulièrement désespérée. Il s’agissait d’une initiative soigneusement calculée visant à réduire la vulnérabilité de la Russie face aux agressions impérialistes en neutralisant le mandataire ukrainien de l’OTAN. Malgré quelques erreurs de calcul et des difficultés imprévues, il reste très probable que, si le conflit reste essentiellement circonscrit à l’Ukraine, le Kremlin finira par réussir et l’alliance de l’OTAN sera sérieusement endommagée, si tant est qu’elle survive. Les commentateurs politiques et économiques de tout l’échiquier politique anticipent des troubles sociaux massifs dans toute l’Europe au cours des prochains mois, alors que les dirigeants capitalistes tentent de faire supporter aux travailleurs les coûts de l’intervention militaire extrêmement coûteuse en Ukraine et des sanctions économiques spectaculairement contre-productives imposées à la Russie. Toute l’architecture de la domination impériale américaine établie au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, y compris la position privilégiée du dollar en tant que monnaie de réserve mondiale, semble aujourd’hui gravement menacée.
Que l’initiative militaire de Poutine aboutisse ou non, il est stupide de la part de la WSWS de qualifier de « faillite » la tentative du Kremlin de faire avorter les efforts de l’OTAN en Ukraine. Ce que l’on pourrait qualifier plus justement de « faillite », c’est le refus lâche des Northistes de prendre parti, même en reconnaissant que le régime capitaliste bonapartiste de la Russie est engagé dans une lutte défensive contre l’agression impérialiste.
Deux autres tendances, Left Voice (la section américaine de la Fraction trotskyste [TF] basée en Argentine) – voir : « Trotskyist Fraction on Ukraine—Centrist Waffling » [« La fraction trotskiste sur l’Ukraine—Les tergiversations centristes »]—et l’Internationalist Group (IG), basé à New York, qui ont également dénoncé les États-Unis pour avoir provoqué le conflit et qui rejettent toutes les allégations d’ « impérialisme russe », ont rejoint le WSWS en adoptant une position neutre [depuis la première publication de cet article en anglais, le GI a changé de position—voir : « Better late than never—IG correction on Russia v NATO… « should be more precise and more honest » » (« Mieux vaut tard que jamais—Correction du GI sur la Russie contre l’OTAN… « devrait être plus précise et plus honnête » ».)]
La FT a expliqué de manière cohérente pourquoi la Russie contemporaine devrait être considérée comme un pays capitaliste dépendant, plutôt qu’impérialiste :
« …si certaines caractéristiques de l’État russe créent l’ « illusion d’une superpuissance », elles masquent le fait que la Russie est en réalité subordonnée à un cas typique de « développement inégal et combiné ». Elle a hérité de l’Union soviétique et de la guerre froide un énorme arsenal nucléaire et des positions dominantes dans plusieurs institutions internationales. Poutine a également restauré et renforcé le pouvoir de l’État après la débâcle des années Eltsine, tout en consolidant et en approfondissant les efforts pro-capitalistes d’Eltsine.
« Néanmoins, l’économie russe repose presque exclusivement sur l’exportation de matières premières (en particulier le pétrole et le gaz, les métaux et les produits agricoles) et reste très dépendante de la technologie et de la finance occidentales. La capacité d’influence internationale de la Russie reste largement limitée aux anciennes frontières de l’URSS, malgré des succès partiels au Moyen-Orient et en Afrique. En résumé, la Russie devient de plus en plus une puissance régionale, avec une véritable influence internationale qui reste limitée. »
—leftvoice.org, 20 mars 2022 [notre traduction]
Il a également esquissé avec compétence le contexte de l’épreuve de force militaire actuelle :
« Les racines du conflit entre la Russie, l’Ukraine et l’OTAN remontent à la fin de la guerre froide, avec le triomphe des États-Unis, la dissolution de l’Union soviétique et la restauration du capitalisme. Après avoir régressé à des niveaux historiques pendant la période de Boris Eltsine, sous le régime bonapartiste de Poutine, la Russie est redevenue une puissance qui a hérité de l’arsenal nucléaire de l’ancienne URSS, bien qu’elle n’ait pas le statut de l’ancienne Union soviétique et qu’elle soit basée sur une économie rentière dépendante du pétrole. Cela donne à la Russie une projection géopolitique qui dépasse largement ses bases matérielles et nourrit les ambitions de Poutine d’influencer la scène internationale dans l’intérêt du capitalisme russe.
« En plus de promouvoir des gouvernements pro-occidentaux dans le voisinage de la Russie, les États-Unis ont poursuivi l’expansion vers l’est de l’OTAN, qui a progressivement incorporé les pays qui faisaient partie de la sphère d’influence de l’Union soviétique….La logique qui guide cette action expansive des États-Unis est l’objectif stratégique de faire progresser une politique de semi-colonisation de la Russie. »
—leftvoice.org, 23 février 2022 [notre traduction]
La confrontation en Ukraine, initiée par l’expansion implacable de l’OTAN, tourne en effet autour de la question de savoir si l’impérialisme américain réussira à atteindre son « objectif stratégique de … [la] semi-colonisation de la Russie ».[1] Les marxistes ne peuvent pas être neutres dans une telle lutte ; mais pour la FT, ceux qui soutiennent la tentative de la Russie de résister à l’empiètement impérialiste soutiennent également le régime réactionnaire bonapartiste de Poutine :
« Bien qu’ils soient moins nombreux, certains insistent sur le fait que la Russie et la Chine représentent une alternative progressiste à l’impérialisme américain et occidental. Cette position ne tient pas compte du bonapartisme répressif du régime de Poutine, qui réagit aujourd’hui avec une brutalité particulière à l’activisme anti-guerre en Russie. Les partisans de cette position ont également tendance à considérer toutes les mesures de politique étrangère de Poutine comme des « manœuvres défensives » contre l’impérialisme hégémonique américain, justifiant ainsi ouvertement et honteusement l’invasion réactionnaire de l’Ukraine par la Russie et l’oppression nationale qui en a résulté. »
—leftvoice.org, 31 mars 2022 [notre traduction]
Lorsque les États-Unis et leurs alliés ont envahi l’Afghanistan et l’Irak, les marxistes ont pris le parti des victimes semi-coloniales. Cela ne signifiait pas qu’ils approuvaient les talibans ou la dictature réactionnaire baasiste de Saddam Hussein. Les marxistes prennent parti dans les grèves et autres formes de lutte des classes sans approuver politiquement les dirigeants syndicaux bureaucratiques qui les mènent. Le même critère s’applique aux conflits militaires anti-impérialistes : favoriser la victoire d’un camp sur l’autre n’implique pas un soutien politique au programme et à la pratique de ceux qui mènent le combat—cela signifie simplement que la victoire d’un camp sur l’autre fera progresser les intérêts du mouvement ouvrier et/ou des opprimés.
Le GI, comme la FT, rejette tout discours sur l’ « impérialisme russe », tout en étant conscient que cela entre en conflit avec sa position de neutralité dans la lutte opposant les forces du Kremlin à celles de l’OTAN et de ses mandataires ukrainiens. Le GI tente ridiculement de résoudre ce problème en niant que les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN sont parties au conflit :
« Il s’agit maintenant d’une guerre entre l’État capitaliste russe, avec son dirigeant nationaliste à Moscou, et l’État ukrainien, dont le régime nationaliste à Kiev a joué le rôle de patte de chat pour les impérialistes occidentaux et utilise des forces fascistes pour assiéger la population russophone du sud-est de l’Ukraine. Nous, trotskystes, appelons au défaitisme révolutionnaire des deux côtés dans cette guerre nationaliste réactionnaire, à la lutte prolétarienne internationaliste contre les deux régimes capitalistes et, surtout, contre les dirigeants américains et européens qui ont déclenché cette conflagration. »
* * *
« Nous avons [précédemment] déclaré que « si les affrontements conduisaient à une véritable guerre entre la Russie et l’Ukraine, les trotskystes seraient pour une politique de défaitisme révolutionnaire dans ces deux puissances régionales, appelant les travailleurs à s’opposer activement à l’effort de guerre de « leurs » bourgeoisies et à mener une lutte de classe intransigeante contre les dirigeants capitalistes de Moscou et de Kiev »…. Dans le même temps, nous avons noté que si le conflit « se transformait en une guerre des bailleurs de fonds impérialistes de l’Ukraine contre la Russie, il s’agirait d’une question tout à fait différente ». »
—Internationalist.org, 28 février 2022 [notre traduction]
L’affirmation contrefactuelle de le GI selon laquelle « les bailleurs de fonds impérialistes de l’Ukraine » ne jouent pas un rôle significatif dans le conflit ignore le fait que l’axe États-Unis/OTAN réorganise, entraîne et équipe l’armée ukrainienne depuis des années et l’intègre progressivement sur le plan opérationnel. Nous en avons documenté certains aspects dans notre déclaration de février :
« En 2013, un « Programme d’amélioration de l’éducation à la défense » [ « Defence Education Enhancement Programme » – (DEEP)] a été lancé pour réformer l’armée ukrainienne. Selon le site web de l’OTAN, le DEEP « favorise la capacité de défense et le renforcement des institutions. En renforçant les institutions démocratiques, il apporte une contribution importante aux efforts déployés par l’OTAN pour projeter la stabilité dans la région euro-atlantique et au-delà ». En 2015, l’Ukraine a été accueillie au sein de l’Agence OTAN de soutien et d’acquisition [NATO’s Support and Procurement Agency – (NSPA)], ce qui lui a permis d’accéder aux armements. Deux ans plus tard, l’Ukraine a déclaré que l’adhésion à l’OTAN était un objectif stratégique national. »
Dans un article publié en août sur notre site web, nous avons fait remarquer que :
« Le gouvernement ukrainien, tout comme son armée, est actuellement entièrement dépendant des injections massives de financement et d’armement impérialistes et n’est guère plus qu’un pion dans l’objectif de longue date de l’impérialisme américain de démembrer la Russie. En 2020, Adam Schiff, un homme politique de premier plan du parti démocrate, s’est vanté d’utiliser l’Ukraine pour « combattre la Russie » et, cette semaine, Vadym Skibitsky, le chef adjoint du renseignement militaire ukrainien, a révélé que les États-Unis conservaient un contrôle effectif sur la détermination des cibles du célèbre système d’artillerie HIMARS :
« « Skibitsky a déclaré au journal britannique Telegraph qu’il y avait des consultations entre les services de renseignement américains et ukrainiens avant les attaques et que Washington avait un droit de veto effectif sur les cibles visées, tout en précisant que les fonctionnaires américains ne fournissaient pas d’informations directes sur le ciblage » » [aljazeera.com, 2 août 2022, notre traduction].
En mai, le GI elle-même a présenté l’évaluation suivante (exacte) de la situation :
« Les États-Unis se précipitent et trébuchent de manière irrationnelle vers une guerre mondiale, voire une guerre nucléaire. Avec ses alliés de l’Organisation impérialiste du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), Washington envoie des armes offensives de plus en plus lourdes à l’armée ukrainienne infestée de fascistes. Mais les États-Unis ont aussi pour objectif la chute de la Russie en tant qu’exemple dramatique des prouesses militaires des États-Unis et de l’OTAN et en tant que menace implicite pour la Chine. Les États-Unis se sont engagés à vaincre la Russie et à dégrader son armée afin qu’elle soit « affaiblie » pour les années à venir, comme l’a déclaré le chef du Pentagone, le général Lloyd Austin. »
—Internationalist.org, mai 2022 [notre traduction]
Comment la direction de le GI peut-elle imaginer que les États-Unis ont l’intention de « vaincre la Russie et de dégrader son armée[2] » tout en ne s’impliquant pas dans le conflit ? Étant donné qu’il est largement reconnu que les forces armées ukrainiennes « infestées de fascistes » opèrent sous la direction du commandement des États-Unis et de l’OTAN, le déni absurde de l’implication impérialiste significative de le GI n’est rien de moins qu’une rationalisation lâche d’une politique motivée par l’adaptation à un retard politique. Cette situation est aggravée par la réticence des dirigeants du groupe à admettre qu’ils ont commis une erreur. Les sectes de dirigeants de diverses tendances pratiquent couramment ce genre de « politique de prestige », mais c’est une approche qui est totalement étrangère à la tradition bolchevique-léniniste dont le GI se réclame.
Les faux trotskistes se font l’écho des dénonciations de l’ « impérialisme russe » par le département d’État
La palme de la position la plus alambiquée sur l’Ukraine revient à Socialist Action (SA), le groupe américain dirigé par Jeff Mackler, qui, sans prendre ouvertement parti dans le conflit, laisse entendre qu’il considère l’ « impérialisme russe » comme en quelque sorte préférable à la version américaine :
« Si nous nous aveuglions sur la réalité des événements qui se sont déroulés en Ukraine depuis le coup d’État fasciste fomenté par les États-Unis en 2014 et que nous mettions un signe égal entre l’impérialisme américain et l’impérialisme russe, nous ferions une grave erreur….Le fait que l’impérialisme américain ait planifié et orchestré un coup d’État fasciste visant en partie à anéantir la minorité russophone, soit 30 % de la population, et que le même gouvernement américain cherche à orchestrer l’affiliation de l’Ukraine à l’OTAN, dotée d’armes nucléaires aux portes de la Russie, ne peut être écarté de toute évaluation sérieuse de la guerre ukrainienne qui se déroule actuellement. Nous ne pouvons pas non plus être indifférents ou neutres en ce qui concerne le droit à l’existence de la population russophone opprimée de l’Ukraine, c’est-à-dire son droit à l’autodétermination. Ils ont légitimement demandé l’aide de la Russie contre les assauts d’un gouvernement fasciste imposé par les États-Unis. Nous ne nous opposons pas à ce que la Russie fournisse cette aide, même si les motivations de Poutine pour l’étendre sont pour le moins douteuses. »
—Socialistaction.org, 11 avril 2022 [notre traduction]
Bien qu’ils « ne s’opposent pas » à ce que Poutine intervienne pour défendre la population pro-russe du Donbass contre « l’assaut d’un gouvernement fasciste imposé par les États-Unis », Mackler et consorts sont trop pusillanimes pour prôner ouvertement une victoire militaire russe sur l’OTAN et son armée mandataire ukrainienne. En élaborant la position de l’AS sur la « guerre ukrainienne en cours », Mackler invoque diverses interventions américaines récentes dans d’autres pays néocoloniaux :
« Sans la moindre équivoque, nous soutenons le droit de toutes les nations et de tous les peuples pauvres et opprimés à être libérés de la guerre et de la conquête impérialistes. Ce principe s’applique pleinement à toutes les nations assiégées, y compris la Syrie, le Venezuela, le Nicaragua et l’Afghanistan, même si nous sommes en désaccord avec la nature et les politiques de leurs gouvernements.
« En Syrie, le gouvernement de Bachar al Assad a été victime d’une guerre de dix ans menée par les États-Unis, l’OTAN et la monarchie des États du Golfe, qui a massacré 500 000 Syriens….alors que le secrétaire d’État du gouvernement américain, John Kerry, s’apprêtait à mettre en place un nouveau coup d’État à la solde des États-Unis, les Syriens, exerçant leur droit à l’autodétermination, ont demandé l’aide de la Russie. Le résultat a été la défaite de cette horreur de changement de régime américain. »
—Idem. [notre traduction]
Il faut beaucoup d’audace à Mackler pour citer la Syrie, étant donné que SA a soutenu à différents moments les deux camps dans la guerre civile de ce pays : d’abord les réactionnaires islamistes « révolutionnaires » qui cherchaient à renverser la dictature de Bashar al-Assad, puis en changeant de position (sans explication ni reconnaissance) pour soutenir le régime baasiste « anti-impérialiste » au pouvoir. Mackler n’a pas mentionné l’attaque de l’OTAN contre la Libye en 2011 ; dans ce cas également, SA a cyniquement réadapté en catimini sa position initiale (voir : « Socialist Action : Time to Own Up— « Russian Imperialism » & Flip-flops on Syria and Libya » [Socialist Action : Il est temps d’assumer – « Impérialisme russe » et volte-face sur la Syrie et la Libye »]).
La plupart des tendances « trotskystes » révisionnistes sont moins fourbes. Le Socialist Workers Party britannique (SWP, section principale de la tendance socialiste internationale fondée par Tony Cliff) considère la Russie comme « impérialiste », mais identifie correctement le régime de Zelensky comme étant essentiellement un mandataire de l’OTAN. Dans l’International Socialism Journal, Rob Ferguson affirme que « l’invasion russe [de l’Ukraine] porte les marques de toutes les guerres impérialistes » et appelle au « retrait des troupes russes et au soutien des militants anti-guerre russes », tout en précisant que les socialistes « doivent s’opposer à l’expansion de l’OTAN et à l’escalade de la guerre ».
Le SWP considère comme « impérialiste » tout pays capitaliste capable de rivaliser pour exercer une influence au-delà de ses frontières nationales :
« Premièrement, l’impérialisme est un système mondial qui entraîne les États capitalistes dans un conflit. Deuxièmement, l’impérialisme reflète un stade de développement capitaliste dans lequel le processus de production s’étend au-delà des frontières nationales, de sorte que l’État et le capital deviennent de plus en plus interdépendants. Les entreprises s’appuient sur les États pour projeter leur pouvoir politique, économique et militaire et protéger le capital contre ses rivaux, tandis que les États dépendent à leur tour du niveau de développement économique et technologique du capital pour projeter leur pouvoir. »
—isj.org, 28 juin 2022 [notre traduction]
Lénine avait un point de vue différent : il ne considérait comme impérial que les pays dont le niveau de développement économique était suffisamment élevé pour extraire systématiquement de la valeur des régions plus arriérées. Il considérait également que le remplacement du capital industriel par le capital financier était une caractéristique essentielle de l’impérialisme :
« …le développement du capitalisme en est arrivé à un point où la production marchande, bien que continuant de « régner » et d’être considérée comme la base de toute l’économie, se trouve en fait ébranlée, et où le gros des bénéfices va aux « génies » des machinations financières. »
La suprématie du capitalisme financier distingue l’impérialisme moderne des empires des époques précédentes :
« La politique coloniale et l’impérialisme existaient déjà avant la phase contemporaine du capitalisme, et même avant le capitalisme. Rome, fondée sur l’esclavage, faisait une politique coloniale et pratiquait l’impérialisme. Mais les raisonnements « d’ordre général » sur l’impérialisme, qui négligent ou relèguent à l’arrière-plan la différence essentielle des formations économiques et sociales, dégénèrent infailliblement en banalités creuses ou en rodomontades, comme la comparaison entre « la Grande Rome et la Grande-Bretagne ». Même la politique coloniale du capitalisme dans les phases antérieures de celui-ci se distingue foncièrement de la politique coloniale du capital financier. »
—Idem.
Les Cliffites n’ont jamais traité le capital financier comme un aspect central de l’impérialisme ; ils ont plutôt eu tendance à souligner la capacité d’exercer une influence géopolitique :
« La concurrence est une caractéristique permanente et inhérente au système mondial. Alors qu’une période de conflit impérialiste s’achève, une autre émerge, conduisant inexorablement à de nouvelles rivalités impérialistes, potentiellement plus intenses….
« La Russie est sortie de l’effondrement de l’empire soviétique avec une infrastructure économique, étatique et militaire gravement affaiblie, mais elle est loin d’être impuissante. La Russie a hérité du deuxième plus grand arsenal nucléaire du monde et a commandé la plus grande force conventionnelle de la région. La plupart des nouveaux États indépendants de l’ex-Union soviétique dépendaient fortement de l’approvisionnement en énergie russe et de l’infrastructure industrielle et économique mise en place au cours des décennies de pouvoir soviétique.
* * *
« La tentative d’intégration de la Russie dans l’économie mondiale, sa stratégie énergétique et son affirmation d’hégémonie étaient intimement liées. En 1993, les exportations de matières premières étaient devenues le nerf de la guerre pour l’économie russe….
« La Russie a fait un usage stratégique de la puissance impérialiste, exploitant les divisions nationales et ethniques jusqu’au point de conflit ouvert et de guerre. »
—isj.org, Op. cit [notre traduction]
Le plus grand concurrent national du SWP, le Socialist Party of England and Wales (SP), qui prétend utiliser des critères léninistes plus orthodoxes, a néanmoins déclaré que la Russie et l’État ouvrier déformé chinois étaient des puissances « impérialistes » :
« L’impérialisme est frénétiquement engagé dans la recherche d’une exploitation accrue de nouveaux marchés dans le monde néocolonial, avec les États-Unis, les États-nations de l’UE, la Chine et la Russie qui frappent tous à la porte. »
—Socialismtoday.org, 13 septembre 2019 [notre traduction]
Lorsque les hostilités ont éclaté en Ukraine, la position de double défaitisme du SP était très proche de celle du SWP :
« Les socialistes et l’ensemble du mouvement ouvrier doivent condamner l’invasion militaire de Poutine, qui entraînera la mort de nombreux civils innocents et une destruction généralisée. Le CIO [Comité pour une Internationale Ouvrière, la tendance internationale dirigée par le SP] s’oppose résolument à tous les bellicistes capitalistes et au chauvinisme nationaliste réactionnaire qui dresse les travailleurs les uns contre les autres. Le CIO s’oppose également à l’OTAN et aux puissances capitalistes occidentales, qui sont également responsables de l’aggravation des tensions militaires dans la région, qui ont abouti à une nouvelle guerre en Ukraine. C’est la classe ouvrière d’Ukraine, de Russie et d’ailleurs qui paiera cher la guerre, et non les oligarques et les élites dirigeantes de Moscou, de Kiev et de Washington. …
« Nous disons : arrêtez la guerre en Ukraine ; retirez les troupes russes et mettez fin aux bombardements ; retirez les troupes de l’OTAN de l’Europe de l’Est ; non à la division et au nettoyage ethnique ; pour le droit à l’autodétermination et à des droits démocratiques complets pour toutes les minorités ; pour l’unité des travailleurs et une lutte commune contre les bellicistes, les oligarques et le système capitaliste qui crée la pauvreté, le chômage, les divisions ethniques et les guerres. »
—Socialistworld.net, 24 février 2022 [notre traduction]
Mais à mesure que la propagande bourgeoise russophobe s’intensifiait, le SP a changé de terrain et s’est éloigné de son observation précédente selon laquelle « le peuple ukrainien est horriblement englouti dans une guerre par procuration entre les puissances impérialistes occidentales et la puissance impérialiste régionale, la Russie ». En mai, dans une polémique contre un ancien « révolutionnaire » dégénéré qui était devenu un social-démocrate ouvertement pro-OTAN, le secrétaire du CIO, Tony Saunois, a déclaré : « Les marxistes soutiennent pleinement le droit des travailleurs et du peuple ukrainiens à se défendre et à lutter contre les envahisseurs étrangers ». Au lieu d’exiger que l’alliance impérialiste occidentale quitte l’Europe de l’Est, Saunois s’est contenté de conseiller à ses lecteurs de ne pas faire confiance aux puissances occidentales et à leurs alliances : « Aucune confiance dans les puissances occidentales ou leurs alliances militaires, y compris l’OTAN ». Le « leader suprême » du CIO a clairement indiqué que ce changement d’orientation était une réponse aux illusions populaires pro-impérialistes :
« Après l’invasion, une partie de la population ukrainienne et occidentale espérait que l’OTAN pourrait apporter une certaine protection et un certain soutien au peuple ukrainien. Cependant, ces espoirs s’amenuisent de jour en jour, en particulier en Ukraine, car l’OTAN est perçue comme n’ayant pas réussi à intervenir de manière décisive.
« Malgré les illusions temporaires qui existent au sujet de l’OTAN, les socialistes ont la responsabilité d’expliquer habilement la vérité et d’exposer la réalité de ce que ces institutions représentent. Le caractère impérialiste de la coalition de l’OTAN a été clairement démontré lors des interventions dans les Balkans au Kosovo en 1999 et en Libye en 2011. Les conséquences catastrophiques qui ont suivi illustrent la nature de cette alliance militaire des puissances capitalistes. »
—Socialismtoday.org, 3 mai 2022 [notre traduction]
L’orientation du SP/CIO vers les couches de la population déçues que l’OTAN n’ait pas fait plus pour contrer l’ « impérialisme » russe en Ukraine le rapproche politiquement de l’Alliance for Workers’ Liberty (AWL) qui soutient souvent de manière « critique » les politiques émanant de Whitehall (le district londonien siège du gouvernement). L’AWL a rejoint plusieurs autres réformistes pro-impérialistes (dont le NPA français (Le Nouveau Parti Anticapitaliste) et les Pablistes allemands de l’Internationale Sozialistische Organisation) en signant le Réseau européen de solidarité avec l’Ukraine, qui déclare :
« Nous sommes solidaires de la résistance du peuple ukrainien contre l’agression de l’impérialisme russe et sa tentative de reconstruire l’empire tsariste, puis soviétique.
« Comme pour les autres luttes de libération nationale, notre solidarité avec le peuple ukrainien est inconditionnelle et indépendante de tout jugement sur ses dirigeants politiques, car c’est uniquement à l’Ukraine et aux Ukrainiens de décider de l’avenir de leur pays. »
—Workersliberty.org, 9 juin 2022 [notre traduction]
Sotsialnyi Rukh, une composante ukrainienne de ce complot russophobe, a été dénoncée par le WSWS comme étant liée à l’impérialisme américain par l’intermédiaire de La Fondation nationale pour la démocratie [National Endowment for Democracy (NED)] et de L’agence américaine pour le développement international [The United States Agency for International Development (l’USAID)]. L’AWL, qui a critiqué l’OTAN pour ne pas avoir « donné à l’Ukraine ce dont elle a besoin dans sa guerre d’autodéfense », s’est ouvertement solidarisée, dans un article du 30 mars, avec les défenseurs de Marioupol, sans mentionner que nombre d’entre eux étaient membres du bataillon fasciste Azov et d’autres formations d’extrême-droite similaires.
Vaincre les impérialistes de l’OTAN en Ukraine ! Vive le trotskisme !
Le conflit actuel en Ukraine pose sans détour la question de la défense des pays capitalistes dépendants contre les États-Unis et d’autres prédateurs impérialistes. Lorsque les premiers coups de feu ont été tirés, nous avons été surpris de découvrir combien peu de groupes et d’individus parmi ceux qui se réclament de l’héritage du trotskisme étaient prêts à appeler clairement et sans ambiguïté l’armée russe à vaincre les impérialistes et leurs mandataires en Ukraine. Nous espérons que les éléments les plus subjectivement révolutionnaires de ce milieu rompront avec la politique de neutralité du troisième camp et se joindront à nous pour soutenir une victoire militaire du Kremlin sur les impérialistes des Etats-Unis et de l’OTAN :
« Sans accorder au régime réactionnaire bonapartiste de Poutine le moindre soutien politique, les marxistes reconnaissent qu’une victoire russe affaiblira l’axe impérialiste États-Unis/OTAN et compliquera les futures agressions militaires contre l’État ouvrier déformé chinois et d’autres pays figurant sur la liste des cibles des États-Unis ; à l’inverse, une victoire du mandataire ukrainien de l’OTAN encouragerait de nouvelles agressions.
« Nous soutenons les grèves des travailleurs grecs et italiens contre les livraisons d’armes de l’OTAN à l’Ukraine, tout en nous opposant aux actions similaires des travailleurs biélorusses qui cherchent à bloquer les armements russes. Seule une révolution socialiste mondiale peut mettre fin au chaos et à l’agression militaire sanglante engendrés par l’impérialisme mondial. Cela nécessite la construction d’un parti ouvrier révolutionnaire à l’échelle internationale… . »
—bolsheviktendency.org, 8 juillet 2022
Le conflit actuel en Ukraine a mis en lumière la profonde dégénérescence politique de la plupart des groupes supposés « trotskystes » dans le monde. Leur incapacité à résister à l’avalanche de propagande impérialiste sur la « pauvre petite Ukraine » rappelle la capitulation peu glorieuse de la grande majorité de la Deuxième Internationale en août 1914. La méprisable AWL fait écho au social-patriotisme grossier des sociaux-démocrates de droite de cette époque, tandis que le SP et le SWP adoptent des positions plus analogues à celles du courant social-patriotique dominant. Le WSWS, le GI et le FT se rapprochent grosso modo du centre-gauche kautskyen par leurs observations souvent abstraitement correctes sur les racines du conflit et leur refus politiquement lâche de prendre le taureau par les cornes et de tirer les conclusions programmatiques qui s’imposent. La simple vérité est qu’un triomphe militaire russe sur l’alliance impérialiste mondiale en Ukraine affaiblira les oppresseurs et contribuera ainsi à créer les conditions d’une résurgence de la lutte des classes à l’intérieur du pays. Une défaite de l’OTAN compliquera également énormément toute tentative future des États-Unis, de leurs vassaux et de leurs alliés d’entreprendre des actions agressives contre les États ouvriers déformés cubains, vietnamiens, nord-coréens et chinois, ainsi que contre le Venezuela, l’Iran, le Nicaragua ou toute autre cible néocoloniale.
La question fondamentale qui se pose aujourd’hui dans l’épreuve de force entre la Russie et l’OTAN en Ukraine est la même que celle qui s’est posée dans les années 1930, lorsque nos précurseurs trotskystes ont soutenu la résistance militaire chinoise aux impérialistes japonais agressifs :
« Dans une guerre entre deux pays impérialistes, il n’est question ni de démocratie ni de indépendance nationale, mais de l’oppression des peuples arriérés. Dans une telle guerre les deux pays se trouvent sur le même plan historique. Les révolutionnaires dans les deux armées sont défaitistes. Mais le Japon et la Chine ne sont pas sur le même plan historique. La victoire du Japon va signifier l’asservissement de la Chine, la fin de son développement économique et social, et le renforcement terrible de l’impérialisme japonais. La victoire de la Chine va signifier, au contraire, la révolution sociale au Japon et le libre développement, c’est-à-dire sans être gêné par l’oppression extérieure, de la lutte des classes en Chine.
* * *
« Les Eiffelites [un petit groupe de gauchistes américains qui s’opposaient à une alliance militaire avec la Chine contre le Japon] s’opposent la politique de « lutte de classes » à cette politique « nationaliste et social-patriote ». Lénine a combattu cette opposition abstraite et stérile toute sa vie. Pour lui, les intérêts du prolétariat mondial dictent le devoir d’aider les peuples opprimés dans leur lutte nationale et patriotique contre l’impérialisme. Ceux qui ne l’ont pas encore compris, presque un quart de siècle après la Première Guerre mondiale et vingt ans après la révolution d’Octobre, doivent être impitoyablement rejetés comme les pires ennemis intérieurs par l’avant-garde révolutionnaire. »
—Léon Trotsky, Lettre à Diego Rivera, sur la guerre sino-japonaise, 23 septembre 1937
[1] « Stoltenberg: Russia’s victory is NATO’s defeat » [« La victoire de la Russie est la défaite de l’OTAN »], breakingthenews.net, 11 octobre 2022
[2] « Pentagon chief says US wants to see Russia « weakened » », [« Le chef du Pentagone déclare que les États-Unis veulent voir la Russie « affaiblie » »], thehill.com, 4 avril 2022