Pour le trotskysme!
Ce document (traduit en français de 1917, no. 3, édition de langue anglaise) spécifie les positions politiques fondamentales sur lesquelles la Quatrième Internationale était établie. En même temps, il adresse aux questions qui distinguent les trotskystes authentiques des prétendants centristes dans le mouvement ouvrier international aujourd’hui. « Pour le trotskysme! » a été originalement rédigé en octobre 1986 par la Tendance bolchévique (TB) comme le document principal pour une fusion avec la Left Trotskyist Tendency (LTT), une scission gauche de la section américaine de feu Nahuel Moreno, l’International Workers Party (IWP). Il était ultérieurement adopté à la conférence de fusion de la TB et la LTT en novembre 1986 comme une codification de l’accord programmatique entre les deux organisations.
1. Le parti et le programme
« Les intérêts de la classe [ouvrière] ne peuvent être formulés autrement que sous forme de programme; le programme ne peut être défendu qu’en créant le parti.
« La classe, en soi, est uniquement matière à exploitation. Le prolétariat assume un rôle indépendant seulement lorsque, de classe sociale en soi, il devient une classe politique pour soi. Ce changement ne peut pas passer autrement que par l’intermédiaire d’un parti. Le parti est l’organe historique par lequel la classe prend conscience de soi, en tant que classe sociale ».
—L D. Trotsky, « Et maintenant? » 1932 [notre traduction]
La classe ouvrière est la seule classe véritablement révolutionnaire dans la société moderne, la seule classe capable de mettre fin à la folie de l’hégémonie capitaliste à l’échelle internationale. La tâche fondamentale de l’avant-garde communiste est d’inculquer à la classe (particulièrement à sa composante la plus importante, le prolétariat industriel) la conscience de son rôle historique. Nous rejetons explicitement tous les stratagèmes avancés par les centristes, les réformistes, les contre-culturels et les sectoralistes qui considèrent les divers composants non-prolétariens de la population comme véhicules plus probables du progrès social.
La libération du prolétariat, et avec elle l’élimination de la base matérielle de toutes les formes d’oppression sociale, dépend de la question de direction. La panoplie des directions « socialistes » potentielles en dernière analyse est réduite à deux programmes: réforme ou révolution. Prétendant offrir une stratégie « pratique » pour l’amélioration graduelle des iniquités de la société de classes, le réformisme réconcilie en fait la classe ouvrière aux besoins du capital. Le marxisme révolutionnaire, par contre, basé sur l’antagonisme fondamental entre le capital et le travail, vise l’expropriation de la bourgeoisie par le prolétariat comme condition préalable de tout progrès significatif.
L’hégémonie des diverses formes de l’idéologie bourgeoise au sein du prolétariat représente la défense la plus puissante du capitalisme. Comme a noté James P. Cannon, le chef consacré du trotskysme américain, dans The First Ten Years of American Communism:
« La force du capitalisme n’est pas inhérente et ne dépend pas de ses propres institutions; le capitalisme survit seulement parce qu’il trouve des appuis au sein des organisations ouvrières. On constate maintenant, à la lumière de la révolution russe et de ses suites, que les neuf dixièmes de la lutte pour le socialisme sont la lutte contre l’influence bourgeoisie dans les organisations ouvrières, y compris le parti ». [notre traduction]
La différence fondamentale entre une organisation révolutionnaire et des organisations centristes ou réformistes n’est pas tant dans les déclarations abstraites des buts et des objectifs proposés mais dans les positions qu’elles adoptent dans les situations concrètes de la lutte de classe. Les réformistes et les centristes ajustent leurs positions à chaque événement nouveau de façon à répondre aux attentes, aux illusions et aux préjugés de leur public. Mais le rôle d’un révolutionnaire est de dire aux travailleurs et aux opprimés ce qu’ils ne savent pas déjà.
« Le programme doit formuler les tâches objectives de la classe ouvrière et non pas de s’adapter à l’état arriéré de la classe ouvrière. Il doit refléter la société telle qu’elle est et non pas l’état arriéré du prolétariat. C’est un instrument pour surmonter et vaincre l’état arriéré… Nous ne pouvons pas remettre à plus tard, modifier des conditions qui ne dépendent pas de nous. Nous ne pouvons pas garantir que les masses résoudront la crise, mais nous devons décrire la situation telle qu’elle existe, et c’est là le rôle du programme ».
—L. D. Trotsky, « L’état politique arriéré des ouvriers américains », 1938 [notre traduction]
Nous cherchons à enraciner le programme communiste dans la classe ouvrière en instituant des groupes de travail, basés sur notre programme, à l’intérieur des syndicats. Ces groupes doivent participer activement à toutes les luttes pour la réforme partielle et l’amélioration de la condition des ouvriers. Ils doivent être aussi les meilleurs défenseurs des traditions militantes de la solidarité de classe, par exemple, le principe voulant qu’ « on ne traverse pas les piquets de grève! » En même temps le groupe doit chercher à recruter les ouvriers les plus conscients à une perspective mondiale dépassant un simple activisme paroissial, en posant les questions politiques brûlantes de façon à mettre en évidence la nécessité d’éliminer la production anarchique, et de la remplacer par la production rationnelle, planifiée pour le besoin humain.
Notre intervention dans les organisations de masse du prolétariat est basée sur le Programme de Transition, adopté par le congrès fondateur de la Quatrième Internationale en 1938. Dans un certain sens, il ne peut pas y avoir telle chose qu’un « programme fini » pour les marxistes. Il faut tenir compte des développements historiques des cinq décennies passées et le besoin de poser les problèmes, soulevés par les luttes spécifiques de secteurs de classe et/ou d’opprimés, qui sont inachevés dans le programme de 1938. Néanmoins, pour l’essentiel, le programme sur lequel la Quatrième Internationale a été fondée garde toute son acuité parce qu’il propose les solutions socialistes aux problèmes objectifs auxquels la classe ouvrière se trouve confrontée aujourd’hui, dans un contexte permanent posant la nécessité du pouvoir prolétarien.
2. La révolution permanente
Au cours des cinq derniers siècles le capitalisme a créé un seul ordre économique mondial avec une division internationale du travail. Nous vivons à l’époque de l’impérialisme—époque du déclin capitaliste. L’expérience de ce siècle a démontré que les bourgeoisies nationales du monde néo-colonial sont incapables de compléter les tâches historiques de la révolution bourgeoise démocratique. Il n’y a pas, en général, de voie de développement capitaliste indépendant ouvert à ces pays.
Dans les pays néo-coloniaux les acquis des révolutions bourgeoises classiques ne peuvent être introduits qu’en brisant les rapports de propriété capitaliste, en coupant les tentacules du marché mondial impérialiste et en établissant la propriété prolétarienne, c’est-à-dire, collective. Il n’y a que la révolution socialiste—une révolution menée contre la bourgeoisie nationale et les grands propriétaires fonciers—qui puisse engendrer une expansion qualitative des forces productives.
Nous rejetons la stratégie stalinienne/menchévique « étapiste » visant la subordination du prolétariat aux secteurs dits « progressistes » de la bourgeoisie. Nous revendiquons l’indépendance politique complète et inconditionnelle du prolétariat partout à travers le monde. Sans exception, les bourgeoisies nationales du « Tiers-Monde » agissent en tant qu’agents de la domination impérialiste, dont les intérêts sont, dans un sens historique, bien plus étroitement liés aux banquiers et aux fabricants de la métropole qu’à leurs propres peuples exploités.
Les trotskystes offrent le soutien militaire, mais non le soutien politique, aux mouvements nationalistes petits-bourgeois (et même aux régimes bourgeois) qui entrent en conflit avec l’impérialisme pour la défense de la souveraineté nationale. En 1935, par exemple, les trotskystes ont revendiqué la victoire militaire des Éthiopiens contre les envahisseurs italiens. Toutefois, les léninistes ne déterminent pas automatiquement leur position, par rapport à une guerre entre deux régimes bourgeois, à partir du niveau relatif du développement (ou du sous-développement) de chacun. Dans la sordide Guerre de Malouines de 1982, où la défense de la souveraineté argentine n’a jamais été mise en cause, les léninistes ont fait appel aux ouvriers britanniques et argentins de « tournez leurs armes contre leurs propres officiers »—le défaitisme révolutionnaire des deux côtés.
3. La guérilla
Notre stratégie révolutionnaire vise l’insurrection des masses prolétariennes. Nous rejetons la guérilla en tant qu’orientation stratégique (bien que nous reconnaissions que la guérilla a quelquefois une valeur tactique) parce qu’elle relègue la classe ouvrière organisée, politiquement consciente, au rôle d’un spectateur passif. Un mouvement paysan de guérilleros, dirigé par des radicaux, ne peut pas établir le pouvoir politique de la classe ouvrière, peu importe les intentions subjectives de sa direction.
A plusieurs occasions, depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale, il a été démontré que des mouvements semblables peuvent déraciner la propriété capitaliste avec succès lorsque les circonstances sont objectivement favorables. Néanmoins, parce que ces mouvements ne sont pas basés sur la mobilisation de la classe ouvrière organisée, le meilleur dénouement de pareilles luttes est l’établissement d’un régime nationaliste et bureaucratique, qualitativement identique au produit de la dégénérescence stalinienne de la Révolution russe (c’est le cas de la Yougoslavie, de l’Albanie, de la Chine, du Vietnam et de Cuba). Ces « Etats ouvriers déformés » exigent des révolutions politiques prolétariennes supplémentaires afin d’ouvrir la voie au développement socialiste.
4. L’oppression spéciale: la question noire, la question femme
La classe ouvrière aujourd’hui est profondément divisée selon les lignes raciales, sexuelles, nationales et autres. Mais le racisme, le chauvinisme national et le sexisme sont des formes de comportement socialement, mais non génétiquement, déterminées. Peu importe leur niveau actuel de conscience sociale, les ouvriers du monde ont quelque chose en commun: ils ne peuvent pas améliorer leur situation comme classe de façon sérieuse sans détruire définitivement la base sociale de toute oppression et exploitation. Voici la base matérielle à l’affirmation marxiste que le prolétariat a comme mission historique l’élimination de la société de classes, et, avec celle-ci, l’éradication de toute forme d’oppression extra-classe ou « spéciale ».
Aux États-Unis, la lutte pour le pouvoir ouvrier est inextricablement liée à la lutte pour la libération noire. La division raciale entre les travailleurs noirs et les travailleurs blancs a été l’obstacle historique primaire au développement de la conscience de classe. Les noirs américains ne constituent pas une nation, mais ils constituent une caste de race/de couleur reléguée au bas-fond de la société, concentrée massivement dans la classe ouvrière, et en particulier dans les secteurs stratégiques du prolétariat industriel. Brutalisée, maltraitée et systématiquement exposée à la discrimination dans le « pays de la liberté », la population noire a été historiquement relativement immunisée au patriotisme raciste impérial ayant empoisonné une bonne partie du prolétariat blanc. Les travailleurs noirs ont généralement prouvé qu’ils sont la section la plus militante et combative de la classe. La lutte pour la libération noire—contre la brutalité raciste de la vie quotidienne en Amérique capitaliste—est centrale à la construction d’une avant-garde révolutionnaire sur le continent nord-américain. La lutte contre l’oppression spéciale des minorités nationales, linguistiques et raciales, particulièrement en ce qui concerne la population latino-américaine croissante, est une question qui sera déterminante à la victoire de la révolution américaine.
L’oppression de la femme est matériellement enracinée dans l’existence de la famille nucléaire: l’unité de base indispensable à l’organisation sociale bourgeoise. La lutte pour l’égalité sociale complète des femmes est d’importance stratégique partout dans le monde. Une forme d’oppression spéciale étroitement liée à celle des femmes est celle des homosexuels, persécutés pour leur refus de se conformer aux rôles sexuels dictés par la « norme » de la famille nucléaire. La question homosexuelle n’est pas stratégique comme l’est la question femme, mais l’avant-garde communiste doit défendre les droits des homosexuels et doit s’opposer à toutes les mesures discriminatoires portées contre eux.
Dans les syndicats, les communistes font campagne pour les droits égaux à l’accès au travail, pour des programmes syndicaux visant le recrutement et la promotion des femmes et des minorités dans les secteurs « non-traditionnels », pour le salaire égal à travail égal, et pour l’emploi pour tous et chacun. En même temps, nous défendons le système d’ancienneté comme étant un acquis historique du mouvement syndical et nous sommes opposés aux schémas divisionnistes et antisyndicaux tels le licenciement préférentiel. L’avant-garde communiste porte la responsabilité historique de lutter afin d’unir la classe ouvrière autour de ses intérêts communs de classe, et de lutter contre les divisions artificielles maintenues par la société capitaliste. Pour ce faire, il faut porter l’intérêt de l’exploité et de l’opprimé au premier rang, et se battre incessamment contre toute manifestation d’injustice ou de discrimination.
Les secteurs opprimés de la population ne peuvent pas se libérer indépendamment de la révolution prolétarienne, c’est-à-dire, dans le cadre du système social qui a donné naissance et qui perpétue cette oppression. Comme a noté Lénine dans L’État et la révolution:
« Seulement le prolétariat—en vertu du rôle économique qu’il joue dans la production à grande échelle—est capable d’être le dirigeant de toutes les masses laborieuses et exploitées, qui sont exploitées, opprimées et écrasées par la bourgeoisie, souvent pas moins que mais plus que les prolétaires, mais qui sont incapables de mener une lutte indépendante pour leur émancipation ». [notre traduction]
Nous vivons dans une société de classes et le programme de chaque mouvement social doit, en dernière analyse, représenter les intérêts d’une des deux classes ayant le potentiel de gouverner la société: le prolétariat ou la bourgeoisie. Dans les syndicats, l’idéologie bourgeoise prend la forme d’un économisme étroit; dans le mouvement des opprimés elle se manifeste sous la forme du sectoralisme. Ce que le nationalisme noir, le féminisme et d’autres formes d’idéologie sectoraliste ont en commun, c’est qu’ils situent la racine de l’oppression en autre chose que le système capitaliste de la propriété privée.
L’orientation stratégique de l’avant-garde marxiste envers les organisations sectorielles « indépendantes » (c’est-à-dire, multi-classe) des opprimés doit être de favoriser leur différenciation interne selon leurs composants de classe. Cela implique une lutte afin de gagner autant d’individus que possible à la perspective de la révolution prolétarienne, et de la nécessité d’un parti d’avant-garde intégré qui en découle.
5. La question nationale et les « peuples interpénétrés »
« Le marxisme ne peut pas être concilié avec le nationalisme, qu’il soit même de la marque ‘le plus juste,’ ‘le plus pur,’ le plus perfectionné et civilisé. A la place de toutes les formes du nationalisme, le marxisme avance l’internationalisme ».
—V. I. Lénine, « Remarques critiques sur la question nationale » [notre traduction]
Le marxisme et le nationalisme sont deux visions mondiales fondamentalement opposées. Nous défendons le principe de l’égalité de nations, et nous refusons d’accorder les privilèges à n’importe quelle nation. En même temps, les marxistes rejettent toutes les formes d’idéologie nationaliste car, d’après Lénine, ils se réjouissent de « tout genre d’assimilation des nations, sauf celui qui est fondé sur la force et le privilège ». Le programme léniniste sur la question nationale est conçu principalement afin de renvoyer la question nationale de l’ordre du jour et ceci afin de réduire la force d’attraction des nationalistes petits-bourgeois en contre posant directement la question de classe.
Dans les cas « classiques » d’oppression nationale (par exemple, le Québec) nous défendons le droit à l’autodétermination, sans recommander nécessairement son exercice. Dans les cas plus complexes, lorsque des peuples sont dispersés ou « interpénétrés » partout en un seul territoire géographique (en Chypre, en Irlande du Nord, en Palestine-Israël), le droit abstrait de chacun à l’autodétermination ne peut pas être équitablement réalisé dans le cadre des rapports de propriété capitaliste. Dans aucun de ces cas, cependant, le peuple dominant ne peut être mis sur le même pied que les blancs en Afrique du Sud ou les colons français en Algérie; c’est-à-dire, d’une aristocratie ouvrière ou de colons blancs privilégiés, dépendants de la surexploitation du travail indigène afin de maintenir un niveau de vie qualitativement plus élevé que celui du peuple opprimé.
Les protestants irlandais aussi bien que la population hébraïque d’Israël sont des peuples composés de classes distinctes. Chacun a une bourgeoisie, une petite bourgeoisie et une classe ouvrière. A l’encontre des moralisateurs petits-bourgeois culpabilisés, les léninistes n’appuient pas le nationalisme des opprimés (ou les formations politiques petites-bourgeoises qui l’épousent) tout simplement. Car, autrement, on annule simultanément la possibilité d’exploiter les vraies contradictions de classes au sein du peuple oppresseur et on renforce la mainmise des nationalistes sur les opprimés. Les prolétaires du peuple montant ne peuvent jamais être gagnés à une simple perspective nationaliste, visant tout simplement à inverser les rapports inégaux existants. Une couche importante des travailleurs du peuple dominant peut être gagnée à la perspective anti-sectaire de classe-contre-classe parce que cette perspective est dans ses intérêts objectifs.
La logique d’une capitulation au nationalisme petit-bourgeois a amené une bonne partie de la gauche à soutenir les dirigeants arabes (l’incarnation de la soi-disant « révolution arabe ») contre les Israéliens dans les guerres au Moyen-Orient en 1948, 1967 et 1973. Au fond, ces guerres sont des querelles inter-capitalistes, dont la victoire de l’un ou de l’autre ne peut guère profiter aux travailleurs et aux opprimés de la région. La position léniniste est donc celle qui revendique la défaite des deux côtés. Pour les ouvriers arabes et hébreux, l’ennemi principal se trouve dans leur propre pays respectif. La guerre de 1956 constituait un autre cas semblable; dans ce conflit la classe ouvrière avait un intérêt pourtant, celui de défendre Nasser contre les tentatives de l’impérialisme français et britannique (soutenu par les Israéliens) de réapproprier le Canal de Suez, nationalisé peu avant.
Bien que les léninistes s’opposent au nationalisme en principe, ils ne sont pas neutres dans un conflit entre un peuple opprimé et l’appareil de l’Etat oppresseur. Nous revendiquons le retrait immédiat et inconditionnel des troupes britanniques de l’Irlande du Nord, et nous défendons les attentats commis par l’Armée républicaine irlandaise (IRA), comme par exemple celui contre la Royal Ulster Constabulary, contre l’armée britannique ou à l’hôtel à Brighton en Angleterre où siégeait le cabinet ministériel du Parti Conservateur britannique. De la même façon, nous défendons les actions militaires de l’Organisation pour la libération de Palestine (OLP) contre les forces de l’Etat israélien. Nous ne défendons pas, dans aucun cas, les actes terroristes dirigés contre les populations civiles. Et ceci malgré le fait que le terrorisme criminel de l’Etat sioniste contre les Palestiniens, tout comme celui de l’armée britannique et de ses alliés protestants contre les Catholiques d’Irlande du Nord est, le plus souvent, beaucoup plus grave que les actes de terreur communautaire commis par les opprimés.
6. Immigration/Émigration
Les léninistes appuient le droit démocratique élémentaire de tout individu d’émigrer où il veut. Mais comme dans le cas d’autres droits démocratiques, ceci n’est pas un impératif catégorique quelconque. Nous ne favoriserons pas l’émigration d’un individu qui poserait une menace à la sécurité militaire des Etats ouvriers dégénérés ou déformés. Le droit individuel à l’immigration, exercé sur une échelle suffisamment étendue, peut entrer en conflit avec le droit à l’autodétermination des petites nations. Par conséquent les trotskystes ne réclament pas les « frontières libres » en tant que revendication générale faisant partie du programme. L’afflux massif de l’immigration sioniste en Palestine durant les années trente et quarante, par exemple, a servi de justification pour l’expulsion forcée de son propre territoire du peuple palestinien. Nous ne reconnaissons pas le « droit » illimité des Hans d’émigrer au Tibet, ni celui des citoyens français de s’installer en Nouvelle-Calédonie, comme étant un droit absolu.
La revendication en faveur des « frontières libres » est généralement préconisée par les libéraux/radicaux confus mais bien intentionnés, motivés par le désir utopique de rectifier, dans le cadre du système existant, les inégalités hideuses produites par l’ordre impérialiste mondial. Mais la révolution socialiste mondiale—et non l’émigration des peuples—est la solution marxiste à la misère et à la destitution vécue par la grande majorité de l’humanité sous le capitalisme.
Nous défendons les travailleurs mexicains « illégaux » aux États-Unis appréhendés par La Migra. Nous sommes opposés à tous les quotas d’immigration, toutes les rafles et toutes les déportations de travailleurs immigrés. Au sein des syndicats, nous luttons pour la reconnaissance immédiate et inconditionnelle des pleins droits de citoyenneté pour tous les travailleurs, peu importe leur nationalité.
7. Le centralisme démocratique
Une organisation révolutionnaire doit être strictement centralisée, accordant la pleine autorité aux corps dirigeants, afin d’orienter le travail de la base et de ses membres. L’organisation doit exercer un contrôle politique centralisé sur l’activité politique publique de ses membres. L’adhérent doit avoir la garantie d’une pleine démocratie interne (c’est-à-dire, le droit de mener une lutte politique interne pour changer la ligne politique du parti et/ou de remplacer la direction actuelle). La démocratie interne n’est pas une garniture décorative—ni tout simplement une soupape de sécurité pour la base—c’est une nécessité absolue et indispensable à l’avant-garde révolutionnaire afin de maîtriser les développements complexes de la lutte des classes. C’est également le moyen principal de former les cadres révolutionnaires. Le droit à la démocratie factionnelle interne, c’est-à-dire, le droit de lutter contre le révisionnisme au sein de l’avant-garde, est la seule « garantie » qu’offre une organisation révolutionnaire contre sa propre dégénérescence politique.
Tenter de masquer les divergences importantes et de brouiller les lignes de démarcation interne ne peut qu’affaiblir et désorienter un parti révolutionnaire. Une organisation basée sur la diplomatie, le consensus du plus petit dénominateur commun et l’ambiguïté programmatique concomitante (au lieu de l’accord programmatique de principe et la lutte pour la clarté politique) n’attend que le seul et le premier test décisif posé par la lutte des classes pour éclater en morceaux. Par contre, les organisations dans lesquelles l’expression des divergences est proscrite—soit formellement ou informellement—sont destinées à s’ossifier en sectes rigides, hiérarchiques et sans vie, de plus en plus isolées du mouvement ouvrier réel et incapables par ce fait même de reproduire les cadres indispensables afin d’effectuer les tâches d’une avant-garde révolutionnaire.
8. Les fronts populaires
« La question des questions à présent est le front populaire. Les centristes de gauche cherchent à présenter cette question comme étant une manœuvre tactique ou même technique, afin de colporter leurs marchandises dans l’ombre du front populaire. En réalité, le front populaire est la question principale de la stratégie prolétarienne de cette époque. Elle offre aussi le meilleur critère pour distinguer entre le bolchévisme et le menchévisme ».
—L. D. Trotsky, « Le POUM et le front populaire », 1936 [notre traduction]
La politique du front populaire (c’est-à-dire, d’un bloc programmatique entre les organisations ouvrières et les représentants de la bourgeoisie, le plus souvent visant l’obtention du pouvoir gouvernemental) constitue une trahison de classe. Les révolutionnaires ne peuvent aucunement soutenir la participation, aussi « critique » qu’il soit, des organisations ouvrières au sein des fronts populaires.
La tactique d’un soutien électoral critique aux partis ouvriers réformistes est basée sur la contradiction inhérente entre leur programme bourgeois (réformiste) et leur base au sein de la classe ouvrière. Lorsqu’un parti social-démocrate ou stalinien entre en coalition ou fait bloc électoral avec les formations bourgeoises ou petites-bourgeoises, cette contradiction est effectivement supprimée pour la durée de cette coalition. Un membre d’un parti ouvrier réformiste, qui se présente aux élections sous l’égide d’une coalition de collaboration de classe (ou un front populaire), se présente en tant que représentant d’une formation politique bourgeoise. Ainsi toute possibilité d’appliquer la tactique du soutien critique est écartée parce que la contradiction qu’elle cherche à exploiter est suspendue. A l’encontre de ceci, les révolutionnaires doivent présenter, comme condition préalable à tout appui électoral, la rupture de toute coalition bourgeoise en revendiquant: « A bas les ministres capitalistes! »
9. Les fronts uniques et les « fronts uniques stratégiques »
Le front unique constitue une arme tactique par laquelle les révolutionnaires cherchent à s’approcher des formations réformistes ou centristes afin d’opposer « la base au sommet », dans les situations où il existe un besoin pressant d’action unitaire à la base. Il est permis d’effectuer un front unique avec les formations bourgeoises ou petites-bourgeoises lorsqu’il y a un accord ponctuel sur un point particulier, et lorsque cet accord sert les intérêts de la classe ouvrière (par exemple, le front unique des bolchéviques avec Kerenski et contre Kornolov). Le front unique constitue une tactique conçue non seulement pour accomplir l’objectif commun, mais aussi pour démontrer en pratique la supériorité du programme révolutionnaire, gagnant par le fait même une influence accrue et de nouveaux adhérents à l’organisation d’avant-garde.
Les révolutionnaires n’accordent jamais la responsabilité de la direction révolutionnaire à une alliance permanente (ou « front unique stratégique ») avec les forces centristes ou réformistes. Les trotskystes ne co-signent jamais de propagande commun—c’est-à-dire, une déclaration commune de perspectives politiques globales—avec des courants révisionnistes. Une telle pratique est malhonnête et liquidationniste pour les deux organisations (puis qu’inévitablement elle implique le masquage des divergences politiques des deux organisations). Le « front unique stratégique » est le pari favori de l’opportuniste qui, désespéré par son influence restreinte, cherche une compensation en se joignant à un bloc élargi sur la base d’un programme minimal. Dans « Le centrisme et la Quatrième Internationale », Trotsky explique qu’une organisation révolutionnaire se distingue d’une organisation centriste « par ses positions politiques, par sa consistance politique et par son efficacité organisationnelle ». Cela est exactement ce que le front unique stratégique vise à effacer.
10. La démocratie ouvrière
Les marxistes révolutionnaires, qui se distinguent par le fait qu’ils disent la vérité aux travailleurs, peuvent seulement profiter d’un affrontement politique ouvert, en concurrence avec les autres courants de la gauche, autrement dit, avec les réformistes et les centristes. Les staliniens, les sociaux-démocrates, les bureaucrates syndicaux et les autres faux dirigeants de la classe ouvrière, évitent tous la critique révolutionnaire, et cherchent à empêcher les discussions et les débats politiques par le gangstérisme et l’exclusion physique.
Nous sommes opposés à la violence et à l’exclusion physique au sein de la gauche et du mouvement ouvrier, tandis que nous appuyons le droit de tous à la légitime défense. Nous sommes opposés également à l’usage de la « violence modérée »—la calomnie—qui va de pair (ou ouvre la voie) avec l’agression physique. La calomnie et la violence au sein du mouvement ouvrier sont complètement étrangères aux traditions du marxisme révolutionnaire, car elles cherchent délibérément à détruire la conscience politique, la condition préalable à toute libération du prolétariat.
11. L’État et la révolution
La question de l’Etat occupe une place centrale dans la théorie révolutionnaire. Le marxisme nous enseigne que l’Etat capitaliste (en dernière analyse, les « corps spéciaux d’hommes armés » chargés de la défense de la propriété bourgeoise) ne peut pas être récupéré et transformé pour servir les intérêts des travailleurs. Le règne de la classe ouvrière ne peut être établi que par la destruction de l’appareil de l’Etat bourgeois existant, et par son replacement par des institutions chargées de la défense de la propriété prolétarienne.
Nous sommes résolument opposés à l’intervention de l’Etat bourgeois—par quelque façon que ce soit—dans les affaires du mouvement ouvrier. Les marxistes s’opposent à toute tentative « réformiste » syndicale visant le redressement de la corruption bureaucratique par l’entremise de la justice bourgeoise. Aux travailleurs de faire leur propre ménage! Nous exigeons au même titre l’exclusion des policiers et des gardiens de prison du mouvement syndical.
La tâche des révolutionnaires est d’enseigner à la classe ouvrière que l’Etat n’est pas un arbitre impartial entre les intérêts sociaux concurrentiels, mais une arme utilisée contre la classe ouvrière par les capitalistes. Par conséquent, les marxistes s’opposent aux appels réformistes/utopiques, dirigés à l’Etat bourgeois, d’interdire les mouvements fascistes. De telles lois sont invariablement utilisées beaucoup plus agressivement contre le mouvement ouvrier et la gauche que contre la vermine fasciste, les troupes de choc de la réaction capitaliste. La stratégie trotskyste pour combattre le fascisme n’est pas de faire appel à l’Etat bourgeois, mais de mobiliser la force de la classe ouvrière et des opprimés dans l’action directe visant à écraser les mouvements fascistes dans l’œuf, avant qu’ils ne soient capables d’éclore. Comme l’a remarqué Trotsky dans le Programme de Transition, « La lutte contre le fascisme ne commence pas dans le bureau de rédaction libéral mais dans les usines—et termine dans la rue ».
Les léninistes rejettent l’idée que les troupes impérialistes puissent jouer un rôle progressif quelconque: que ce soit pour la « protection » des enfants noirs des écoles primaires du sud des États-Unis, pour la « protection » de la population catholique en Irlande du Nord, ou pour « maintenir la paix » dans le Moyen-Orient. Nous ne cherchons guère à exercer une pression sur les impérialistes pour agir de façon « morale » en divestissant ou en imposant des sanctions à l’Afrique du Sud. Nous disons par contre que les pouvoirs du « monde libre » sont fondamentalement unis derrière le régime raciste d’apartheid dans la défense du « droit » à la surexploitation des travailleurs noirs. Notre but est de mobiliser la force des travailleurs du monde entier dans des actions d’une solidarité effective de lutte des classes avec les travailleurs noirs de l’Afrique du Sud.
12. La question russe
« Qu’est-ce que la stalinophobie? Est-ce que c’est la haine du stalinisme; la peur de cette syphilis du mouvement ouvrier et le refus irréconciliable de tolérer une quelconque manifestation de celle-ci dans le parti? Pas du tout…
« Est-ce que c’est l’avis que le stalinisme n’est pas le dirigeant de la révolution internationale mais son ennemi mortel? Non, ce n’est pas la stalinophobie; c’est ce que Trotsky nous a enseigné, ce que nous avons appris de notre propre expérience du stalinisme, et ce que nous croyons dans nos os.
« Le sentiment de haine et de crainte envers le stalinisme, avec son Etat policier et ses camps de travaux forcés, ses coups montés et les assassinats de ses critiques au sein du mouvement ouvrier, est sain, naturel, normal et progressiste. Ce sentiment est malsain seulement lorsqu’il mène à la réconciliation avec l’impérialisme. Dans le langage du trotskysme, ceci et rien d’autre est la stalinophobie ».
—James P. Cannon, « Stalinist Conciliationism and Stalinophobia », 1953 [notre traduction]
Nous défendons résolument les économies collectivisées de l’Etat ouvrier soviétique dégénéré et les Etats ouvriers déformés d’Europe de l’est, du Vietnam, du Laos, du Cambodge, de la Chine, de la Corée du Nord et de Cuba contre la restauration capitaliste. Néanmoins nous n’oublions pas pour un moment le fait que seules les révolutions politiques prolétariennes, qui renverseraient les escrocs bureaucratiques anti-prolétariens à la direction de ces Etats, peuvent défendre les acquis actuels et ouvrir la voie au socialisme.
La victoire de la faction stalinienne en Union soviétique dans les années 1920, sous la bannière du « socialisme dans un seul pays », a été couronnée par l’extermination physique des cadres dirigeants du parti de Lénine dix ans plus tard. En opposant la défense de l’Union soviétique à la révolution mondiale, les usurpateurs staliniens minent décisivement les deux. La perspective d’une insurrection prolétarienne pour établir le règne politique direct de la classe ouvrière n’est donc pas opposée, mais inextricablement liée, à la défense des économies collectivisées.
La question russe a été posée de la façon la plus aiguë récemment par rapport à deux événements: la suppression de Solidarnosc en Pologne et l’intervention de l’armée soviétique en Afghanistan. Nous soutenons militairement les staliniens contre les restaurationnistes capitalistes de Solidarnosc et les islamistes féodaux combattant pour la préservation de l’esclavage des femmes en Afghanistan. Ceci n’implique pas que les bureaucrates staliniens aient un quelconque rôle historique progressif à jouer. Au contraire. Néanmoins, nous défendons les actions qu’ils sont forcés à prendre pour la défense des formes de propriété ouvrière (telle que la suppression de Solidarnosc en décembre 1981).
13. Pour la renaissance de la Quatrième Internationale
« Le trotskysme n’est pas un nouveau mouvement, une nouvelle doctrine, mais la restauration, la reprise, du marxisme authentique comme il était présenté et pratiqué pendant la Révolution russe et lors des premiers jours de l’Internationale Communiste ».
—James P. Cannon, The History of American Trotskyism [notre traduction]
Le trotskysme est le marxisme révolutionnaire de notre époque—la théorie politique dérivée de l’expérience distillée par plus d’un siècle et demi du communisme prolétarien. Cela a été vérifié positivement par la Révolution d’octobre de 1917, le plus grand événement de l’histoire moderne, et généralement négativement depuis. Après la strangulation bureaucratique du Parti bolchévique et du Comintern par les staliniens, la tradition du léninisme—la pratique et le programme de la Révolution russe—a été mis de l’avant par l’opposition de gauche et par elle seule.
Le mouvement trotskyste est né dans la lutte pour l’internationalisme révolutionnaire contre la conception réactionnaire/utopique du « socialisme dans un seul pays ». La nécessité d’une organisation révolutionnaire sur une base internationale découle de l’organisation de la production capitaliste elle-même. Les révolutionnaires dans chaque cadre national doivent être guidés par une stratégie de dimensions internationales—et cela ne peut être élaborée que par la construction d’une direction internationale de la classe ouvrière. Au patriotisme de la bourgeoisie et ses laquais sociaux-démocrates et staliniens, les trotskystes opposent l’immortel slogan de Karl Liebknecht: « L’ennemi principal est chez nous! » Nous nous basons sur les positions programmatiques adoptées par le congrès de fondation de la Quatrième Internationale en 1938, aussi bien que sur les quatre premiers congrès de l’Internationale Communiste, et sur la tradition révolutionnaire de Marx, Engels, Lénine, Luxembourg et Trotsky.
Les cadres de la Quatrième Internationale hors de l’Amérique du Nord ont été largement anéantis ou dispersés au cours de la Deuxième guerre mondiale. L’Internationale a été définitivement détruite politiquement par le révisionnisme de Pablo au début des années cinquante. Nous ne sommes pas neutres par rapport à la scission des années 1951-53—nous nous rangeons du côté du Comité International (CI) contre le Secrétariat International de Pablo (SI). La lutte du CI était pleine de défauts, tant à l’échelle politique qu’au niveau de l’exécution. Néanmoins, en dernière analyse, l’impulsion du CI de résister à la dissolution des cadres trotskystes dans les partis staliniens et sociaux-démocrates (telle que proposée par Pablo) et sa défense de la nécessité d’un parti, le facteur conscient de l’histoire, l’a rendu qualitativement supérieur au SI liquidationiste.
A l’intérieur du CI la section la plus importante était le Socialist Workers Party (SWP) américain qui fut également la section la plus forte aux origines de l’Internationale. Cette section a bénéficié de la collaboration la plus directe avec Trotsky et a eu parmi ses cadres dirigeants plusieurs qui remontaient aux premières années du Comintern. L’écroulement politique du SWP en tant qu’organisation révolutionnaire, signalée par son enthousiasme non-critique pour le castrisme au début des années soixante, et culminant en sa défection aux pablistes en 1963, a donc porté un coup énorme au trotskysme mondial.
Nous sommes solidaires de la lutte de la Revolutionary Tendency (le précurseur de la Spartacist League/U.S.) pour la défense du programme révolutionnaire contre l’objectivisme centriste de la majorité du SWP. Nous nous basons sur les positions trotskystes défendues et élaborées par la Spartacist League révolutionnaire des années suivantes. Toutefois, sous la pression de deux décennies d’isolement et de frustration, la SL a elle-même connu une dégénérescence qualitative, se transformant en un groupe bureaucratiquement grotesque, en un culte apparent de bandits politiques qui, malgré une capacité résiduelle et cynique à une prétention d’ « orthodoxie » écrite, démontre une sérieuse impulsion de reculer sous la pression. Aujourd’hui, la « Tendance spartacist internationale » n’est pas plus supérieure politiquement que les autres soi-disant « internationales » trotskystes qui réclament la tradition de la Quatrième Internationale.
L’écroulement de plusieurs prétendants historiques à la continuité trotskyste, de même que les difficultés évidentes et le glissement vers la droite du reste, ouvre une période potentiellement fertile pour une réévaluation politique et un réalignement parmi ceux qui ne croient pas que la voie au socialisme passe par le Parti travailliste britannique, par le capitaliste et restaurationniste Solidarnosc de Lech Walesa, ou par le front populaire chilien. Nous cherchons résolument à participer au processus de regroupement international des cadres révolutionnaires, sur la base du programme du trotskysme authentique, en tant qu’une étape envers la renaissance tant attendue de la Quatrième Internationale, le parti mondial de la révolution socialiste.
« Sur la base d’une longue expérience historique, il peut être établi comme une loi que les cadres révolutionnaires, qui se révoltent contre leur environnement social, et organisent des partis pour mener une révolution, peuvent—si la révolution est trop longtemps retardée—dégénérer eux-mêmes sous les influences constantes et les pressions de ce même environnement…
« Mais la même expérience historique montre aussi qu’il y a des exceptions à cette loi. Les exceptions sont les marxistes qui restent marxistes, les révolutionnaires qui restent fidèles à leur bannière. Les idées de base du marxisme sur lesquelles, et elles seules, un parti révolutionnaire peut se construire ont été constantes dans leur application, et le sont toujours depuis cent ans. Les idées du marxisme, qui créent des partis révolutionnaires, sont plus fortes que les partis qu’elles créent et réussissent toujours à résister à leur chute. Elles n’échouent jamais à trouver des représentants dans les vieilles organisations pour mener le travail de reconstruction à nouveau.
« Ce sont les continuateurs de la tradition, les défenseurs de la doctrine orthodoxe. La tâche des révolutionnaires incorruptibles, obligés par les circonstances de recommencer le travail de la reconstruction organisationnelle, n’a jamais été de proclamer une nouvelle révélation—il n’y a pas eu de manque de tels Messies, et ils ont tous été perdus dans le courant—mais de rétablir l’ancien programme et de le remettre à jour ».
—James P. Cannon, The First Ten Years of American Communism [notre traduction]