Défense de la Corée du Nord !
Délogez la bureaucratie—Pour la réunification révolutionnaire !
Le texte suivant est une traduction d’un article mis sur www.bolshevik.org le 15 décembre 2010.
Le 23 novembre 2010, l’artillerie de la République populaire démocratique de Corée (RPDC—alias Corée du Nord) a lancé 130 obus sur Yeonpyeong, un îlot dans des eaux contestées près de la côte nord-coréenne qui est le site d’une base militaire sud-coréenne. Le bombardement a tué quatre personnes sur la base—deux marins sud-coréens et deux ouvriers du bâtiment. Des menaces sinistres et le feint tollé contre des attaques « non provoquées » sur des civils émanant du gouvernement sud-coréen et ses garants de la « communauté internationale » impérialiste ont été assez prévisibles. Or certains des médias occidentaux ont admis que le marmitage avait été précédé d’un avertissement à l’armée sud-coréenne de suspendre son exercice « à tirs réels » dans ces eaux territoriales réclamées par la RPDC :
« Pour commencer, Yeonpyeong n’est pas exactement une “île sud-coréenne”, mais plutôt une base militaire utilisée par l’armée sud-coréenne. Elle est située à environ 11 kilomètres du territoire continental du Nord, sur une “ligne de limite nord” contestée que les forces onusiennes menées par les USA tracèrent unilatéralement à la fin de la Guerre de Corée. Comme l’avoue le Sud, l’avertissement du Nord, et son attaque subséquente, a été précédé par leurs exercices d’artillerie dans la zone maritime autour de l’île. Autrement dit, l’on a provoqué la provocation. »
—www.guardian.co.uk, 30 novembre 2010
La réaction hystérique et belliqueuse à la réponse de la Corée du Nord fait partie d’une série de tentatives impérialistes d’intimider et d’isoler Pyongyang et de faire pression sur son parrain chinois. Qui a tiré en premier, ce n’est pas une question qui nous est particulièrement intéressante—pour les marxistes, l’essentiel c’est la nécessité de défendre les acquis sociaux que représente le renversement de la propriété capitaliste en Corée du Nord (et la Chine) contre toute tentative, qu’elle soit de l’étranger ou de l’intérieur, de les miner ou de les détruire. Nous défendons militairement la Corée du Nord contre l’impérialisme malgré le caractère anti-ouvrier de la caste stalinienne bureaucratisée menée par Kim Jong-il. Pour ouvrir la voie à un développement véritablement socialiste en Corée du Nord et en Chine, il est nécessaire d’effectuer une révolution politique prolétarienne pour déloger les bureaucraties dirigeantes dont les tentatives répétées de concilier l’impérialisme menacent le système de propriété collectivisée qu’elles président.
L’échange de tirs récent impliquant la base militaire à Yeonpyeong est survenu au début du Hoguk—une provocation annuelle où, sous la rubrique de la « sauvegarde de la nation », quelques 70 000 troupes sud-coréennes, soutenues par l’armée US, répètent pour une attaque coordonnée contre la Corée du Nord. Cet exercice fait partie d’une série d’expressions militaires de l’inimitié du monde capitaliste envers la RPDC—un sentiment qui n’a pas diminué depuis la Guerre de Corée, lorsqu’une intervention militaire chinoise empêcha qu’une coalition impérialiste menée par les Etats-Unis sous le drapeau des Nations Unies restaure le capitalisme d’un bout à l’autre de la péninsule coréenne. Ça fait 60 ans que la Corée du Nord est sous la pression militaire et économique continue de l’impérialisme mondial.
La défense inconditionnelle de la Corée du Nord contre la restauration capitaliste—un développement qui représenterait une étape considérable dans la campagne pour une contrerévolution sociale en Chine—requiert que les révolutionnaires exigent le retrait complet et immédiat de toute troupe et base militaire US de la Corée. Elle comprend aussi la défense du droit de la RPDC de développer un moyen efficace de dissuasion nucléaire contre le danger bien réel d’attaque impérialiste. Le 28 novembre 2010, dans une interview lors de l’émission « State of the Union » sur CNN, le sénateur républicain John McCain a exprimé d’un ton sinistre les sentiments d’une section importante de la bourgeoisie américaine en déclarant qu’« il est temps de discuter d’un changement de régime » en Corée du Nord.
Malgré le militantisme rhétorique de la bureaucratie à Pyongyang, elle promeut depuis longtemps des dangereuses illusions dans la possibilité d’une réunification « pacifique » de la Corée. De tels propos visent la séduction d’éléments nationalistes en Corée du Sud qui voient d’un mauvais œil la présence militaire américaine continue dans leur pays. Beaucoup de militants de gauche sud-coréens sont attirés par de tels sentiments nationalistes, mais le but de trouver un terrain d’entente avec une aile « patriote » anti-américaine de la classe capitaliste ne peut que freiner le développement de la conscience de classe.
La situation économique dans la RPDC s’aggrave fortement, l’embargo impérialiste de plus en plus dur bloquant plusieurs apports primordiaux pour l’industrie et des pertes de récolte entrainant une malnutrition généralisée. La contrerévolution dans l’Union soviétique menée par Boris Eltsine en 1991 priva la Corée du Nord de sa source principale d’aide et son allié stratégique le plus puissant. Aujourd’hui la survie de la RPDC dépend d’un soutien de la traître bureaucratie chinoise, qui a voté à plusieurs reprises ces dernières années en faveur des sanctions proposées par les Etats-Unis au Conseil de sécurité des Nations Unies.
La défense de l’Etat ouvrier déformé nord-coréen est un sujet d’importance vitale pour l’ensemble du mouvement ouvrier international. Car comme l’a fait observer le grand révolutionnaire russe Léon Trotsky : « Les révolutionnaires sont obligés de défendre toute conquête de la classe ouvrière si déformée soit-elle par la pression des forces ennemies. Celui qui ne sait pas défendre les vieilles conquêtes, n’en fera jamais de nouvelles » (Défense du marxisme).
Ce qui est nécessaire en Corée c’est la création d’un parti ouvrier internationaliste voué à la réunification révolutionnaire de la péninsule coréenne toute entière. Ceci exige une lutte pour exécuter une révolution sociale dans le Sud pour déraciner la propriété capitaliste et une révolution politique dans le Nord pour briser l’emprise de la dynastie Kim et la caste fragile qu’elle dirige. Ce n’est qu’en établissant le règne de la classe ouvrière à travers la Corée, dans le cadre d’une Fédération socialiste de l’Asie de l’Est (qui comprendra la Chine et le Japon), que les habitants de la région pourront être libérés des menaces du faim, de la misère et de la guerre.